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    • Une femme disparaît
    • (The Lady Vanishes)
    • Grande-Bretagne
    • -
    • 1938
  • Réalisation. Alfred Hitchcock
  • Scénario. Sidney Gilliat, Frank Launder
  • Image. Jack E. Cox
  • Montage. R.E. Dearing
  • Musique. Louis Levy, Charles Williams
  • Producteur(s). Edward Black
  • Interprétation. Margaret Lockwood (Iris Henderson), Michael Redgrave (Gilbert), Paul Lukas (Dr Hartz), Dame May Whitty (Miss Froy)
  • Date de sortie. 28 avril 2010
  • Durée. 1h35

L'habit ne fait pas le moine, par Clément Graminiès

Une femme disparaît

The Lady Vanishes

Avant-dernier film britannique avant un long exil américain, Une femme disparaît est peut-être le premier très grand film d’Alfred Hitchcock. Véritable jeu de piste capable de mélanger avec délice les genres, le film est une véritable leçon de cinéma d’autant plus jubilatoire que s’y ajoute le plaisir puéril de participer à un Cluedo grandeur nature.

Le premier plan d’un film d’Alfred Hitchcock est tout sauf le fruit du hasard. Celui d’Une femme disparaît est un long travelling avant plongeant dans les tréfonds d’une petite ville du centre de l’Europe. La ville est une maquette miniature parfaitement reconstituée mais qu’importe, le parti-pris du maître du suspense étant celui de l’art du faux dans lequel s’agitent des figurines. Dès la première scène, celles-ci sont d’ailleurs toutes réunies dans le hall d’un hôtel où on les informe de l’important retard du train censé les ramener en Grande-Bretagne. Le ton est d’abord celui du vaudeville. maître d’hôtel excentrique, tapage nocturne qui perturbe les clients, rencontre obligée entre deux personnages que tout oppose a priori, Iris et Gilbert. L’étrangeté ne semble donc pas de mise dans ces scènes du quotidien aux allures de théâtre de boulevard, mais c’était sans compter sur le contexte géopolitique d’une Europe centrale prête à succomber à toutes les dérives autoritaires et à rentrer en guerre. En toute innocence, la jeune Iris fait donc la connaissance de Miss Froy, gouvernante âgée et fort respectable, et décide de faire le long voyage en sa compagnie.

Mais tout cela était sans compter sur la chute malintentionnée d’un pot de fleurs sur la tête de la jeune femme qui, sonnée, commence à mélanger rêve et réalité. Le point de bascule s’opère d’ailleurs dans ce très beau plan où la jeune femme voit les visages de ses amies venues l’accompagner au train se désagréger pour mieux bouleverser tous les repères temporels que le spectateur s’était construit jusqu’ici, introduisant une étrangeté inquiétante qui ne cessera de parcourir le film. S’en suit une sieste au cours de laquelle Miss Froy disparaît du compartiment sans laisser le moindre mot à sa jeune amie. Pire, les passagers démentent un à un l’existence de cette vieille femme et finissent par identifier une autre femme comme étant celle que l’on croyait disparue. Dans cette ambiance totalement paranoïaque où l’existence d’un individu semble avoir été gommée et ne doit compter que sur l’obstination d’un tierce personne pour la retrouver, Iris va entamer un véritable jeu de piste, tentant de déjouer les discours contradictoires de ses interlocuteurs ou de retrouver la trace physique de son passage dans le train. Seule contre tous, la jeune femme finit par accepter l’aide de Gilbert, croisé la veille à l’hôtel dans de mauvaises circonstances.

Il n’est pas difficile d’imaginer le plaisir jubilatoire qu’Alfred Hitchcock a dû éprouver à mettre en scène ce jeu de piste grandeur nature. Parsemant son film de touches d’humour un brin grinçantes (notamment grâce à la présence d’un couple d’hommes anglais), le réalisateur nourrit son film de fausses pistes et de chausses-trappes, donnant à chaque personnage l’opportunité de jouer ce qu’il n’est pas. Dans ce monde des apparences, les médecins ont quelque chose d’inquiétant, les femmes portant le deuil ont un regard glaçant et les nonnes n’hésitent pas à mettre des talons hauts. Tourné entièrement en studio alors que la majeure partie des scènes se déroulent dans un train lancé à travers la campagne européenne, Une femme disparaît joue sur la disparition des repères, de la perception et des croyances, laissant transparaître un monde inquiétant où la bienveillance apparente cache les pires maux de l’humanité. Un film on ne peut plus à-propos en 1938 et, plus de soixante-dix ans plus tard, un plaisir de cinéma toujours aussi intact.

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